Les relations, qu’elles soient amoureuses, amicales ou familiales, sont souvent comparées à un tango : un pas en avant, un pas en arrière, parfois un tour en sens inverse. Si, à un moment donné, vous vous retrouvez à danser seul(e), la question se pose : est-ce que je porte tout le poids de cette relation ?

On l’a tous vécu : ce moment où vous donnez à fond dans une relation, espérant que l’autre en fasse autant, mais vous vous retrouvez à traîner la patte en solitaire. Comme dirait un proverbe populaire, “quand c’est trop, c’est trop”. Si vous vous retrouvez seul(e) à faire les efforts, la balance finit par pencher en votre défaveur, et vous devenez celui ou celle qui porte la relation sur ses épaules. “Tant que ça roule, ça va, mais à force, ça casse.”

C’est là que l’on tombe parfois dans le piège de la dépendance émotionnelle. Freud, dans sa théorie de la psychanalyse, soulignait que nos relations d’adultes sont souvent influencées par notre passé, en particulier par nos premières relations familiales. Par exemple, si vous avez grandi dans une famille où l’affection était conditionnée à votre comportement ou à vos réussites, il est probable que vous ayez intégré ce schéma. Vous pourriez vous retrouver, à l’âge adulte, à toujours chercher à prouver que vous méritez l’amour, souvent en vous oubliant. C’est une dynamique subtile, mais potentiellement destructrice.

Dans la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), on met l’accent sur la réévaluation des schémas de pensée. Si vous avez l’habitude de penser qu’une relation doit être un combat perpétuel pour être “méritée”, un thérapeute peut vous aider à remettre en question cette idée. Ce n’est pas une question de sacrifier son bonheur pour “gagner” l’amour, mais bien de créer une relation où chacun apporte sa pierre à l’édifice. Et tout ça, sans finir sur les genoux à chaque fois !

Il y a cette idée très répandue, notamment dans les relations amoureuses, qu’on pourra changer l’autre, qu’il finira par “s’éveiller” et devenir l’idéal que l’on a en tête. Mais soyons clairs, rééduquer un adulte, c’est un peu comme essayer de transformer une brique en pâte à modeler. Ce n’est pas sain, ni réaliste. L’amour ne se construit pas sur des attentes irréalistes.

Imaginez un instant : vous avez un compagnon ou une compagne qui ne s’investit pas vraiment, mais vous persistez à croire que, “peut-être demain”, il ou elle changera. Vous mettez toute votre énergie à “réparer” l’autre. C’est un peu comme croire que la baguette de pain que vous avez achetée ce matin va se transformer en croissant au chocolat. C’est beau dans les films, mais dans la vraie vie, c’est une source de frustration.

En psychanalyse, on parle souvent de projections. C’est-à-dire que, souvent, on voit chez l’autre ce que l’on aimerait qu’il soit, et non ce qu’il est vraiment. Ce phénomène est très fréquent dans les relations où l’on est aveuglé par le désir de plaire ou de réparer l’autre. Mais dans une relation saine, il est primordial de voir l’autre pour ce qu’il est réellement, pas pour ce qu’on voudrait qu’il soit.

Les TCC, quant à elles, insistent sur l’importance de l’acceptation de la réalité. On ne peut pas changer quelqu’un qui ne veut pas changer. C’est comme essayer de transformer un Parisien en provincial : autant vous dire que l’accent ne changera pas, même avec tous vos efforts. Au lieu de cela, les TCC encouragent à ajuster vos attentes et à poser des limites claires.

Ah, cette idée qu’on connaît “parfaitement” son partenaire après des années de vie commune. “Ah mais tu sais, il a toujours agi comme ça, c’est dans sa nature.” C’est souvent ce qu’on se dit après avoir partagé une décennie avec quelqu’un. Mais parfois, le choc est rude. Après tout ce temps, vous réalisez qu’il ou elle vous cache un trait de caractère que vous n’aviez jamais remarqué. Cela arrive plus souvent qu’on ne le croit. “Ah bon, tu m’avais jamais dit que tu n’aimais pas le fromage?”

C’est là que les mécanismes de défense, comme la dissociation ou la projection, jouent un rôle. Nous avons parfois tendance à ignorer des aspects d’une personne parce qu’ils ne correspondent pas à notre idéal. Mais à force de fermer les yeux, on finit par se retrouver dans une situation où l’on se demande “Mais qui est vraiment cette personne à côté de moi ?”. En psychanalyse, on parle de déni de certaines réalités pour se protéger. Il est plus facile d’ignorer les signes de malaise plutôt que d’y faire face.

Dans les TCC, on travaille à prendre du recul et à réévaluer la situation. Par exemple, si vous réalisez que vous avez idéalisé l’autre, vous allez progressivement accepter que tout le monde a ses défauts, et que vous n’avez pas à les “réparer”. L’objectif n’est pas de tout accepter aveuglément, mais de comprendre que, parfois, l’autre n’est pas aussi parfait que dans votre tête.

Les relations, finalement, sont comme une recette de cuisine : il faut de l’équilibre, de l’attention et un peu de patience. Si une relation vous pèse, il est peut-être temps de remettre les pendules à l’heure. La question n’est pas de savoir si la relation est parfaite, mais si elle vous permet de vous épanouir. Vous n’êtes pas là pour sauver l’autre ou porter la relation seul(e). “Dans un couple, c’est à deux de porter la marmite.” Si vous vous sentez constamment épuisé(e), il est légitime de vous demander si ce n’est pas le moment de changer de recette.

En TCC, on vous encouragera à poser des limites, à réévaluer vos attentes, et à apprendre à dire “stop” quand cela devient trop. C’est un travail d’acceptation et de respect mutuel. Car en fin de compte, une relation épanouissante ne repose pas sur l’idée de changer l’autre, mais bien sur celle de co-créer un espace où chacun peut grandir et être soi-même, tout en avançant main dans la main. Et ça, c’est tout un art, un art thérapeutique peut-être, mais universel aussi.

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